Les indignés de la cause halieutique

Publié le par Jean-Paul Tuya.
Les indignés de la cause halieutique
Antoine Domenech, à gauche. Son association, Salmo Tierra, revendique 101 adhérents.
Photo J.-P. T.

Salmo Tierra-Salva Tierra, la jeune association de défense du saumon et de son environnement a mené un réquisitoire sévère contre les institutionnels et le pouvoir politique, samedi dernier, lors de son assemblée générale à Sauveterre.

Le ton est offusqué, la colère sourde, la formule cinglante. Antoine Domenech, président de Salmo Tierra-Salva Tierra, n’y est pas allé par quatre chemins devant un parterre d’une quarantaine d’adhérents qui, par leurs interventions, ont apporté de l’eau à son moulin.

Un saumon peau de chagrin

La diatribe commence par un constat : « La qualité de l’eau de nos rivières ne cesse de se dégrader… Deux tiers des pêcheurs de saumon n’attrapent plus rien… Il prend en moyenne trois saumons par jour, une misère ! », s’insurge Antoine Domenech. Et pourtant, selon le militant, la ressource restaurée pourrait générer avec les retombées économiques du tourisme un flux financier de 60 à 100 millions d’euros dans tout le bassin du Piémont pyrénéen.

Dans le viseur d’Antoine Domenech cette fois, le Migradour et la Fédération, et la « gabegie énorme », chiffres à l’appui autour de l’utilisation que ces organismes font des fonds européens et de l’Agence de l’eau. En cause, des ouvrages coûteux trop souvent mal conçus et inefficaces. « Il y a le problème dont tout le monde parle et ceux qui vivent à travers le problème… Cette manne mériterait d’être mieux contrôlée, mieux utilisée », tacle le responsable qui pousse le bouchon un peu plus loin en pointant du doigt « la complaisance du pouvoir politique » avec les institutionnels : « Il y a un problème de l’eau qui est un problème politique », assène-t-il.

Des combats multiples

Pour mener son combat – c’est le mot employé par Antoine Domenech -, l’association s’est dotée d’un site Internet (almotierra-salvatierra.com) où sont archivées les informations et lancées les alertes. Avec 150 à 200 visites par semaine, celui-ci déborde du cadre national et s’impose, selon lui, comme « un site de référence concernant la protection du poisson migrateur ».

L’association est actuellement active pour tenter de s’opposer à la carrière du Bois du Bager qui mettrait à mal la frayère la plus importante sur le gave d’Oloron et reste vigilante sur le projet de celle de Carresse. Vigilance aussi contre le projet de microcentrales en vallée d’Aspe, vigilance encore sur la Société hydro-électrique du midi (Shem). « Il faut savoir qu’il y a une conjonction des intérêts entre ceux qui produisent l’énergie et les agriculteurs. Tous ont intérêt à ce que la pêche ne soit plus que marginale », fustige le président.

La lutte contre la pêche au filet dans l’estuaire est, elle aussi, dans l’agenda et Salmo Tierra suit avec intérêt la rencontre de l’AAPPMA du gave d’Oloron et des élus locaux auprès d’Alain Rousset, président de la nouvelle Région. La création d’un conservatoire du gave d’Oloron par la réalisation d’une bande de préservation le long du cours d’eau est à l’étude.

Les arguments avancés sur tous ces dossiers semblent déjà faire bouger les lignes… des pêcheurs, puisqu’à la fin de la réunion le président de l’association navarraise Saumon des gaves, Paul Van Gerdinge, annonçait sous les applaudissements la fusion de son association avec Salmo Tierra.

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