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Sea Sheapherd : les migrateurs sont pêchés illégalement sur l’Adour

Publié le : 2 avril 2023

L’ONG Sea Sheapherd alerte sur la situation d’espèces de poissons protégées, visées en pleine période de reproduction

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Malgré les décisions de justice, l'association explique que les pêches au filet des espèces protégées continuent sur l'Adour.
Malgré les décisions de justice, l’association explique que les pêches au filet des espèces protégées continuent sur l’Adour. — association Sea Sheapherd
  • Le tribunal administratif de Pau a suspendu un arrêté autorisant la pêche de certaines espèces protégées (alose, lamproie et saumon) dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques.
  • L’ONG Sea Sheapherd, soutenue par d’autres associations de protection de l’environnement, alerte sur le fait que des prélèvements continuent malgré cette interdiction.
  • Les préfectures des départements concernés assurent que des contrôles ont lieu et qu’il n’y a pas de tolérance à l’égard des professionnels de la pêche.

L’interdiction par la justice de pêcher certaines espèces menacées aurait-elle été un coup d’épée dans l’eau ? Les dernières populations de lamproies (espèce en voie d’extinction), d’aloses (en voie critique d’extinction) et de saumons (vulnérable) viennent depuis la mer frayer (pondre) dans l’Adour, fleuve classé Natura 2000 qui traverse notamment les Landes et les Pyrénées Atlantiques. Le tribunal administratif de Pau a confirmé dans une ordonnance en date du 22 avril, après une décision à l’été 2021, la suspension de l’arrêté préfectoral autorisant la pêche de la lamproie et de l’alose dans les Pyrénées-Atlantiques et il a ajouté le saumon à cette liste des espèces dont la capture est proscrite, dans les Landes.

Les préfectures assurent que des contrôles ont lieu

« On a du monde sur place qui documente le fait que la pêche continue, sous les yeux de l’OFB (office français de la biodiversité) qui ne fait rien », alerte Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, alors même qu’en période de migration, cela stoppe une étape cruciale du cycle de vie de ces espèces. « Les inspecteurs de l’Office français de la Biodiversité appliquent la décision du tribunal administratif de Pau et organisent, en conséquence, des contrôles », assure le service communication de la préfecture des Landes, précisant que les acteurs de la pêche ont été informés par courrier de la suspension de l’autorisation de prélèvement des espèces visées. Si des contrôles ont bien lieu, ils ne sont pas forcément suivis de verbalisations, selon les informations des associations réunies autour de Sea Shepherd.

La préfecture des Pyrénées-Atlantiques réfute, elle aussi, toute tolérance vis-à-vis des pêcheurs : « en application de cette décision, la pêche en eau douce professionnelle et amateur aux filets de la lamproie marine et de la grande alose est suspendue ». « L’Etat devrait garantir que la loi soit appliquée, estime la présidente de Sea Shepherd France. Or, il y a un recours du ministère de la Transition Ecologique devant la cour de cassation pour faire annuler l’interdiction de la pêche des lamproies et des aloses ».

Quelques dizaines de pêcheurs sur l’Adour

L’Adour est coupé en deux administrativement, relevant de la législation marine à l’aval et fluviale en amont. « En aval, rien n’a changé parce qu’ils ne sont pas concernés par la décision ce qui est dramatique car évidemment les espèces en bas et en haut ce sont les mêmes », explique Philippe Garcia pour l’association défense des milieux aquatiques. Difficile de savoir quel a été l’impact sur le côté fluvial puisque les déclarations de pêche ne seront connues l’an prochain. Mais Philippe Garcia a relevé la présence de nombreux bateaux avec des filets dérivants et fait réaliser des constats d’huissiers.

On recense une trentaine de pêcheurs fluviaux, en général des agriculteurs qui habitent à côté de l’Adour. Avec les 17 qui sont côté marin, ils prélèvent annuellement environ cinq tonnes de saumons par an, 10 à 20 tonnes de grandes aloses et deux tonnes de lamproies marines, pour lesquelles les chiffres se sont effondrés. « La pêche enlève à peu près 40 % des saumons qui montent (recensés dans stations de comptage) », rapporte Philippe Garcia. Ce saumon pêché dans l’Adour est vendu à prix d’or, parfois jusqu’à 100 euros le kilo, en début de saison au mois de mai. Conscientes que les pêcheurs ne peuvent renoncer à leur gagne-pain du jour au lendemain, les associations essayent de convaincre l’administration de prévoir des indemnisations.

Bientôt trop tard

On sait que la lamproie est condamnée à disparaître presque inévitablement et l’alose, dont la population était évaluée à 300.000 dans les années 1990, n’est pas loin de connaître le même sort, avec environ 5.000 individus aujourd’hui. L’avenir du saumon est « opacifié par l’alevinage, artificiel par définition, sur les gaves de Pau », nuance Philippe Garcia, mais on sait que sur le gave d’Oloron, le seul à porter des saumons, il flirte avec ses limites de conservation.

« Quand on dépasse un seuil, quand on exagère on ne permet plus à la nature de revenir en arrière, c’est un seuil irréversible », alerte Philippe Garcia, rappelant qu’en mer, les saumons sont soumis à d’autres facteurs de mortalité comme l’élévation de la température de l’eau.

Quelques dizaines de pêcheurs sur l’Adour

L’Adour est coupé en deux administrativement, relevant de la législation marine à l’aval et fluviale en amont. « En aval, rien n’a changé parce qu’ils ne sont pas concernés par la décision ce qui est dramatique car évidemment les espèces en bas et en haut ce sont les mêmes », explique Philippe Garcia pour l’association défense des milieux aquatiques. Difficile de savoir quel a été l’impact sur le côté fluvial puisque les déclarations de pêche ne seront connues l’an prochain. Mais Philippe Garcia a relevé la présence de nombreux bateaux avec des filets dérivants et fait réaliser des constats d’huissiers.

On recense une trentaine de pêcheurs fluviaux, en général des agriculteurs qui habitent à côté de l’Adour. Avec les 17 qui sont côté marin, ils prélèvent annuellement environ cinq tonnes de saumons par an, 10 à 20 tonnes de grandes aloses et deux tonnes de lamproies marines, pour lesquelles les chiffres se sont effondrés. « La pêche enlève à peu près 40 % des saumons qui montent (recensés dans stations de comptage) », rapporte Philippe Garcia. Ce saumon pêché dans l’Adour est vendu à prix d’or, parfois jusqu’à 100 euros le kilo, en début de saison au mois de mai. Conscientes que les pêcheurs ne peuvent renoncer à leur gagne-pain du jour au lendemain, les associations essayent de convaincre l’administration de prévoir des indemnisations.

Bientôt trop tard

On sait que la lamproie est condamnée à disparaître presque inévitablement et l’alose, dont la population était évaluée à 300.000 dans les années 1990, n’est pas loin de connaître le même sort, avec environ 5.000 individus aujourd’hui. L’avenir du saumon est « opacifié par l’alevinage, artificiel par définition, sur les gaves de Pau », nuance Philippe Garcia, mais on sait que sur le gave d’Oloron, le seul à porter des saumons, il flirte avec ses limites de conservation.

« Quand on dépasse un seuil, quand on exagère on ne permet plus à la nature de revenir en arrière, c’est un seuil irréversible », alerte Philippe Garcia, rappelant qu’en mer, les saumons sont soumis à d’autres facteurs de mortalité comme l’élévation de la température de l’eau.