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Lettre fondatrice au préfet

le 11 décembre 2015

Monsieur le Préfet de Région,

La COP 21 est arrivée à son terme, « il faut sauver la terre« . Le monde entier s’est retrouvé à PARIS pour s’interroger sur le bilan carbone de la planète et sur la biodiversité en danger. Chacun a été invité à changer ses modes de consommation et à adopter des « comportements responsables ». Madame Ségolène Royal, Ministre de l’Écologie, du Développement Durable et de l’Énergie a été à la pointe du combat, pour porter l’espoir d’un développement raisonné, équilibré, soucieux de l’environnement, de sa préservation et si possible de sa restauration.
Pour répondre à ces objectifs ambitieux et volontaires, nous nous sommes associés pour créer L’association Salmo Tierra – Salva Tierra régulièrement déclarée au journal officiel le 17/10/15 n° 0042 annonce n° 01190 RNA : W642002039. Nous avons pour objectifs de :

  • restaurer la totale libre circulation des poissons migrateurs et obtenir la fin de la pêche aux filets dérivants dans le bassin versant de l’Adour et sur l’ensemble des bassins versants de la façade atlantique,
  • protéger, restaurer et reconquérir l’environnement très dégradé du bassin versant de l’Adour et ce pour une qualité de l’eau et une vie aquatique optimale.

C’est dans cet esprit que nous portons à votre connaissance les faits suivants dont nous voulons croire qu’ils sont avec d’autres au centre de vos préoccupations.
La ressource en saumons et en pibales est pillée de manière scientifique et méthodique par une poignée de professionnels, de pêcheurs prétendument amateurs, utilisateurs d’engins (tamis, filets, etc.) qui font la loi dans toutes les instances représentatives de la région et ce dans l’indifférence des Administrations. Nous notons aussi par effet d’aubaine, la présence saisonnière de groupes constitués, pratiquant l’intimidation et les menaces et instituant l’omerta sur leurs razzias destructives.
La gestion actuelle de la pêche sur le bassin de l’Adour, mais plus globalement sur la façade maritime atlantique, derrière les dépliants touristiques et le glamour couleur locale, fait la part belle aux braconnages institutionnalisés avec sauf agitation sporadique et démonstrative, la bienveillance passive des affaires maritimes.

Malgré nos dénonciations permanentes, nous constatons des pêches de jour et de nuit, avec des méthodes destructives (barrage total de l’Adour par les filets dérivants, filets dormants immergés à Capbreton et dans l’estuaire de l’Adour et cela ne concerne pas que le saumon (pillage éhonté et extrêmement lucratif des bars dans les Baines au vu et au sus de tout le monde), trafic international par l’Espagne de pibales avec le Maroc et la Chine, circuit opaque de vente des poissons aux mareyeurs, restaurants et ateliers de fumage et de conditionnement. Pas de quota, pas de contrôles : cela rapporte énormément, sans risques, autant que le trafic de stupéfiants et ce n’est pas soumis a déclaration, à imposition.

A contrario, nous constatons la paupérisation des vallées et des communes limitrophes des Gaves et Nives qui confrontées aux ravages de l’agriculture industrielle et de ses abus (pesticides interdits – lindane dans les champs – pompage sans limite en période d’étiage – déjections des porcheries et des élevages de canards rejetées directement dans les attributs des Gaves), ne peuvent se développer au plan touristique à cause de cette dévastation.
La mise en œuvre d’un nouveau cahier des charges concernant les micros-centrales, suscite toutes les convoitises et laisse espérer aux promoteurs locaux et autres, au nom des énergies propres, des rentes à vie et des profits inespérés sur les linéaires de rivières encore préservés.
La multiplication des projets de gravières et de carrières sur les seules zones encore intactes des Gaves, conjuguent le cynisme économique des arguments justifiant ces opérations avec le lobbying de certains acteurs locaux dont on peut légitimement interroger les motivations. Les chiffres qui circulent sont sidérants. Les terres agricoles destinées aux gravières seraient vendues à prix d’or (50 à 60.000€ l’hectare ?) Ces terres sont parmi les plus fertiles. Alors que nous savons que les surfaces agricoles diminuent de la superficie d’un département français tous les sept ou huit ans, quel est le point de vue du représentant de l’état sur ces transactions et la disparition de ces zones agricoles précieuses ?

Le GAVE D’OLORON, le SAISON, la NIVE, classés axes grands migrateurs, ont été déclassés de la liste 1 des rivières à préserver à la liste 2, pour de triviales raisons économiques (agriculture, hydro-électricité). Ce sont de notoriété internationale, les plus belles rivières d’Europe et nos amis britanniques et scandinaves qui les considèrent comme des joyaux, se désolent de cette gabegie et de l’affairisme qui préside à leur gestion.
Ainsi l’Agence de l’Eau Adour-Garonne gère des financements pléthoriques sans réel contrôle démocratique des populations assujetties aux redevances. Ces financements publics sont dans leur quasi totalité affectés aux mises aux normes écologiques d’activités privées au principal bénéfice de ceux qui les contrôlent, à savoir les lobbys agricoles et les gestionnaires des micros-centrales.
Il en est également ainsi du COGEPOMI qui lui ne gère rien et dont il semble que la principale mission soit de défendre et d’opposer à l’intérêt général, les profits prédateurs de la pêche professionnelle.
L’organisation de la pêche en France avec ses APPMA et ses fédérations, son encadrement vieillissant de personnes de bonne volonté et de notables locaux, est inadaptée aux enjeux de la gestion de l’eau et de la protection des milieux aquatiques. Sans ressources propres suffisantes, vivant de subsides, sans garderie efficace en nombre et en moyens, elles sont réduites à quémander et pour l’essentiel sont abonnées aux constats déprimants et aux alevinages surdensitaires.
Enfin la qualité de l’eau des Gaves et des Nives, mais aussi de l’océan est un enjeu majeur pour le tourisme des Pyrénées Atlantiques. Les politiques et les administrations sont dans le déni des pollutions fluviales et marines qui ne seraient pour eux que des épiphénomènes, objets de statistiques tronquées sinon falsifiées.
Cette méconnaissance des pollutions et leur minimisation mettent en péril à moyen terme l’attractivité économique de la région. Ainsi les stations d’épuration sur le linéaire des Gaves et Nives sont souvent défaillantes (Mauléon) et/ou insuffisantes pour traiter les pollutions médicamenteuses et les adjuvants ménagers. La pollution des piscicultures, les intrants et pesticides agricoles sont les principaux facteurs de dégradation et de contamination des eaux.
La paupérisation des bassins des Gaves, conséquence de la vampirisation de ses ressources, de son enlaidissement liée aux extractions de granulats et à l’agriculture productiviste, favorise la déshérence d’un habitat à l’abandon, déserté par manque de travail et d’attractivité et dont la conséquence est une économie touristique et ses dérivés sinistrés.
Les projets et initiatives qui se font jour pour restaurer la splendeur du Béarn des Gaves et de la Nive et développer un tourisme halieutique de niveau international comme en Ecosse, Norvège, Irlande, autour du saumon mais aussi des autres migrateurs aloses et truites de mer, se heurtent à l’indifférence sinon l’ignorance des acteurs décisionnaires locaux mais aussi de la région. Sont ainsi sacrifiés des dizaines d’emplois pérennes et saisonniers, touchant tous les secteurs d’activité (hébergements et restauration, constructions et rénovations de l’habitat, revendeurs et fabricants de matériels, sportwears et dérivés, etc.)
En prenant comme éléments de comparaison la rivière SPEY en Ecosse et la rivière GAULA en Norvège, dont les atouts piscicoles et climatiques sont bien en-deçà du potentiel des Gaves et Nives et alors même que la ville d’Oloron, les villages et bourgs des vallées perdent chaque année une partie de leur population, nous tablons sur l’installation dans les dix ans, de plusieurs milliers de résidents français et européens aux revenus confortables et pérennes, retraités, rentiers, industriels, artisans, commerçants, délocalisant leurs résidences principales et leurs activités économiques pour les installer dans une région redevenue attractive.

Monsieur le Préfet de Région, les associations dont nous sommes se fédèrent pour défendre notre région et offrir un avenir à nos enfants. Nous glosons sur les pays émergeants et leurs problèmes de pollution et de surexploitation de leurs ressources. Si ces pays justifient souvent avec raison ces situations par la nécessité de satisfaire aux besoins essentiels de leurs populations, il n’en est pas de même nous concernant. Les abus et prévarications constatés ont pour origine la cupidité, le cynisme du genre « après moi, le déluge » et sont révélateurs de l’affaiblissement préoccupant des valeurs de la république et de la démocratie.

A. DOMENECH
Président de Salmo Tierra – Salva Tierra

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